Madame Ainsworth, voilà votre petite Harlow – Oui, oui, vous avez bien entendu, mes parents ont décidé de m’appeler Harlow… Et ce serait encore mignon s’il ne s’agissait que d’un surnom venant d’une de mes sœurs, Sara sûrement au vu de son âge à ma naissance, n’arrivant pas à prononcer mon nom, mais non, il ne s’agissait pas d’un surnom, mes parents ne m’avaient pas appeler Charlotte ou un autre nom normal ressemblant légèrement à cela dans la bouche d’une petite fille à peine assez grande pour réaliser qu’elle venait d’avoir une petite sœur… non, mes parents avaient décidé dès ma naissance de me gâcher la vie. Et ne venez même pas me parler de mon deuxième prénom… Quand ils avaient donné à Sara le prénom de l’une de nos tantes (ou quelque chose comme ça, mais je dois dire qu’à ce stade, ma famille et moi on est pas très proches, donc c’est assez difficile de me souvenir qui pouvait bien avoir eu la malchance de se faire appeler Magdalena….), toutes les autres avaient été jalouses alors pour ne pas causer plus de problème, mais voulant tout de même me donner un second prénom, ils avaient opté pour May. Oui oui, mes parents m’avaient donné pour second prénom le mois de ma naissance. Et encore heureux que je sois née en mai parce que limite April ça aurait passé, mais imaginez-vous un peu ce qu’aurait été ma vie si je m’étais appelée Harlow November… franchement. Le jour où j’ai des enfants (si ça arrive..) je réfléchirai au moins mille fois à leur nom pour être sûr qu’ils ne sont pas la risée de leur classe. Au vu de cela, vous ne vous étonnerez pas de savoir que les relations entre mes parents et moi ont toujours été tendues… Heureusement pour moi, durant les premières années de ma vie, mon prénom était le dernier de mes soucis et tout ce qui m’intéressait c’était de sourire à tout le monde et de réveiller mes parents au beau milieu de la nuit parce que j’avais faim et que je n’aimais pas attendre (vous noterez d’ailleurs que ce dernier élément est toujours d’actualité, même si j’adore prétendre que je suis patiente quand il s’agit de vendre mes qualités). D’ailleurs lorsque mes sœurs arrivèrent à l’hôpital pour me rencontrer, je leur lançait des immenses sourires (nos relations se compliquèrent assez rapidement, mais c’est une autre histoire) et attirait immédiatement l’attention de Sara qui se cherchait une partenaire de jeux un peu plus agréable que Lexie. C’est quand qu’elle pourra jouer à la balle avec moi ? Et aux poupées ? Elle m’annonça plus tard qu’elle avait pensé à ce moment-là faire de moi une sœur parfaite puisque j’étais petite et qu’elle pouvait me servir d’exemple. Elle ignorait encore à ce stade là que je serai loin d’être la sœur parfaite puisque celle-ci était Lexie, alias la réussite idéale de mes parents, et que je serai plutôt le contraire, mais qu’elle n’y serait pour rien et ne pourrait rien y faire non plus. Quelques jours plus tard, mes parents me ramenaient à la maison pour montrer à tout le monde leur énième petite fille blonde - si vous voulez mon avis, mon père était sûrement déçu de voir que ma mère n’était capable que de créer un seul modèle d’enfant, un peu comme une usine. Il devait sûrement rêver d’un petit garçon noiraud ou au moins de quelque chose d’un peu original. Malheureusement pour lui, à ce stade, la seule chose originale c’était mes prénoms, mais sur le coup ils étaient vraiment originaux… un peu trop même à mon avis.

Dès le début, il était clair que j’étais plus proche de Sara que de Lexie. Notre chère sœur aînée avait toujours été assez distante avec Sara, ce qui était peut-être dû au six années qui séparaient leur naissance. Mes parents avaient espéré que maintenant que nous étions trois, elle se déciderait à se rapprocher un peu plus de Sara ou de moi, mais Lexie restait indépendante, se tenant loin de nous et se sentant supérieure. J’étais donc devenue très proche de Sara et je la voyais comme un modèle – comme elle l’avait souhaité. Malgré le fait que je sois sa petite sœur, elle m’accordait énormément d’importance et passait beaucoup de temps avec moi, ce que j’appréciais vraiment. J’étais un peu sa version améliorée d’une poupée à cet âge-là. J’étais très docile et puisque ma sœur, que je voyais comme une fille si bien, était prête à m’accorder son temps pour jouer ou autre avec moi, j’aurais fait à peu près tout ce qu’elle aurait bien pu me demander. Lexie aurait très bien pu prendre le dessus si elle avait souhaité être proche de moi parce que j’aurais aussi pu l’admirer et j’avais d’ailleurs toujours été fascinée par cette sœur qui restait si distante et que je regardais de loin sans pouvoir jamais vraiment attirer son attention. En grandissant, nous étions restées très complices et cela me faisait vraiment plaisir de voir que nous pouvions rester proches même maintenant que j’étais presque indépendante – à quinze ans, j’étais persuadée qu’être une ado c’était la fin du monde et que mes parents ne pouvaient pas comprendre, etc. ah et je pensais aussi que je pouvais prendre les décisions pour moi-même sans consulter qui que ce soit…. Douces illusions.. ! Sara était non seulement ma sœur, mais aussi mon amie et ma confidente. C’est pour cela qu’elle avait été la première à savoir que j’avais craqué sur Josh, mon premier amour de jeunesse – un mec plus vieux que moi, avec qui ça n’avait finalement jamais rien donné, mais aller au lycée était soudain devenu pire qu’un défilé de mode pour moi et je passais des heures à choisir ma tenue tous les jours pour être sûre d’être à mon avantage si des fois le hasard faisait que nous nous croisions dans les corridors. Lexie était toujours la fille parfaite, dans son monde, toujours à réviser et obtenir des bonnes notes pour satisfaire mes parents et ça commençait à me taper sur les nerfs de voir qu’ils voulaient absolument que je lui ressemble. Oui, j’ai comparé ma mère à une usine en disant qu’elle ne pouvait produire qu’un seul modèle d’enfant, mais apparemment cela se limitait à l’apparence physique parce que nous avions beau être trois filles blondes, la ressemblance s’arrêtait là. J’étais clairement différente de Lexie puisque je n’étais pas la petite fille  modèle qui obéissait tellement bien à ses parents qu’ils n’avaient jamais rien à lui redire et je n’étais pas non plus Sara, même si nous étions très proches et que nous nos entendions à merveille. Non, à ce niveau là, mes parents avaient réussi à nous faire très différentes, même si pour une fois ils auraient souhaité que nous soyons toute comme Lexie.

Mes parents n’étaient pas les gens les plus formidables du monde – mais ça vous vous en doutiez sûrement puisque je m’appelle Harlow May et que ma sœur a pour deuxième prénom Magdalena… et encore, je vous ai épargné le plus gros de ma jeunesse où les anecdotes démontrant à quel point mes parents sont des originaux (et je ne dis pas ça dans un sens positif) sont les plus nombreuses (je me doute bien que savoir quel type de garderie j’avais fréquenté ou encore le nom qu’ils auraient donné à notre chien si nous en avions eu un (étonnement ils pensait à Lucy – Eh oui, il semblerait que quand cela concerne des animaux, les prénoms traditionnels sont tout à fait adéquait, mais quand on parler de leur benjamine, non bien sûr, il faut se défouler et trouver les prénomes les plus étranges qui soient pour une jeune fille….) ne vous intéresse pas plus que ça, surtout quand on sait que le reste de mon adolescence allait être franchement plus intéressant que tout ce que j’ai bien pu vous raconter jusqu’à maintenant… Ils avaient de bonnes intentions, mais n’avaient pas compris que demander à une demoiselle d’à peine seize ans de prendre exemple sur sa grande sœur avec laquelle elle ne s’entendait pas vraiment n’était pas une idée de génie comme il le pensait. Moi j’avais développé un très fort sens de la contradiction – vous serez peu surpris d’entendre que ce sens de la contradiction est toujours présent même maintenant… ce qui me vaut assez souvent des ennuis, même si je tâche de ne jamais être contrariante à moins d’être persuadée que ce soit la chose à faire. Ce qui est, le plus souvent, mais pas toujours je dois bien l’admettre, le cas. – et plus mes parents m’incitaient à être la petite fille parfaite et la copie de ma grande sœur, plus j’avais envie de les décevoir et de ne pas faire ce qu’ils me demandaient. – A l’époque je ne me rendais pas compte qu’en me causant pleins de problèmes pour ennuyer mes parents, je ne faisais pas que les ennuyer, je me gâchais aussi la vie à moi puisque je ne pourrais pas revivre ces années, une fois de plus, je pensais savoir ce que je faisais, mais ce n’était absolument pas le cas. J’avais donc commencé par faire de la résistance au niveau scolaire. Ce n’était pas grand chose au début, et heureusement que j’avais commencé petit à cet âge. Je ne faisais donc plus mes devoirs, enchainais les heures de colle, répondait à mes professeurs et faisais régulièrement l’école buissonnière pour aller manger des yoghurt glacés ou faire du shopping avec mes amies qui elles aussi étaient persuadées que nous avions des raisons d’être fière de ce que nous faisions parce qu’à seize ans se bourrer la gueule en soirée alors qu’on avait même pas légalement l’âge de nous trouver dans la boîte de nuit où nous étions c’était tellement ‘cool’ – vous noterez je vous prie l’usage ironique de la notion de cool dans cette situation là puisqu’il n’y a en réalité, bien entendu, aucun aspect positif à se réveiller quelque part qu’on ne connaît pas en ayant au monde pas la moindre idée de comment nous nous sommes retrouvé là… au contraire, mais à ce moment là, tout ce qui faisait rager mes parents étaient bon à prendre et visiblement ne pas savoir où j’avais passé la nuit et me voir rentrer aux petites heures du matin alors que je n’étais pas supposée quitter la maison ne leur faisait pas plaisir.

Les limites que j’étais prête à franchir pour contrarier mes parents étaient encore peu importante à ce stade – il faut dire que mon comportement n’était pas si spectaculaire, de nombreux jeunes faisaient la même chose que moi et nous n’étions absolument pas les premières à avoir l’idée de boire avant d’avoir l’âge légal. En plus la plupart des idées que j’avais pour énerver mes parents me venaient de gens que je voyais lors de mes soirées – mais cela allait changer plus tard. J’avais été jusqu’à prétendre coucher avec des mecs à peu près tout les soirs pour voir comment mes parents allaient réagir. C’était quelque chose de faut heureusement. Je n’étais de loin pas une fille modèle, mais il y avait un truc auquel je tenais et c’était ça. J’avais bien entendu embrassé des tonnes de mecs pendant mes soirées en ville, mais j’avais toujours évité de coucher avec des inconnus ou même de coucher tout court parce que je n’aimais pas cette idée et que de toute façon puisque mes parents ne pouvaient pas faire la différente je pouvais me contenter de mentir. Je ne suivais plus les cours – je n’ose même pas vous expliquer l’état de mes notes lors de ma dernière année…. Moi-même je ne comprends toujours pas comment j’ai réussi à finir mon lycée avec le comportement que j’avais et mon manque d’attention. Visiblement l’aide de ma sœur lors de mes précédentes années continuait à avoir de l’effet.– Ma sœur ne comprenait d’ailleurs pas pourquoi je me comportais de cette manière. C’est à cette période qu’elle se retrouva plus proche de Lexie que de moi puisque je me tenais à distance de ma famillle. Je tenais encore énormément à elle et c’était la seule à savoir que je ne couchais pas réellement avec des mecs différent tous les soirs – il faut croire que même quand j’étais au fond du bac son opinion comptait toujours pour moi quand bien même il n’était pas suffisant pour me faire arrêter mes conneries. – J’avais jusqu’à ce stade gardé un contact encore relativement conséquent sur mes actions, mais les choses allaient rapidement déraper – eh oui, difficile à croire, mais je n’avais pas encore fait le pire et avant de rebondir j’allais deboir atteindre le fond du fond du bac… et cela s’annonçait des plus négatif. Cet été là, après avoir reçu mon diplôme, je tombais amoureuse du pire bad boy de l’histoire – bon ok, peut-être que j’exagère, je vous l’ai déjà dit j’aime les extrêmes, mais je n’ai même pas à exagérer beaucoup parce que Tom était vraiment un bad boy… – Josh, un étudiant à l’uni (bien que je doute qu’il étudie réellement quoi que ce soit…) qui avait son propre commerce de beu. Dans mes doux rêves d’idylle – j’avais beau être une mauvaise fille, j’avais toujours des rêves et des réactions de romantique à quelques reprises – je pensais que les choses pouvaient marcher entre nous – et par la même occasion faire enrager mes parents à qui je me plairait à raconter les détails de son commerce – sans que j’aie le besoin de me mêler à son commerce ou à consommer de la drogue. Une fois de plus, il s’agissait d’une douce illusion, mais aller dire ça à la jeune de dix-sept ans que je venais de devenir. J’étais lancée sur la mauvaise pente et il faudrait une catastrophe pour me faire changer de trajectoire.

Dix-sept ans, j'avais seulement dix-sept ans quand j'avais consommé de la drogue pour la première fois. Autant dire que je n'en suis pas fière, même si sur le moment je ne me rendais pas compte de l'erreur que je commettais resterait à jamais dans ma vie et que je ne serai jamais plus la même après ça. Le pire dans toute cette histoire, je pensais que je serais différente de tout le monde et que je garderais le contrôle sur la drogue... - clairement j'ai du vite admettre que je me trompais une fois de plus et que malgré mes désirs, je n'étais pas superwoman. Heureusement pour moi, ceci ne serait pas la fin de ma vie et même si la consommation de drogue est toujours à déconseiller, dans mon cas cela avait eut l'effet ultérieur de me faire reconsidérer toutes mes décisions. Ce n'était pas grâce à la drogue, mais grâce à ce que la drogue allait finir par représenter pour moi que j'allais changer. Après les soirées avec mes amies à boire beaucoup plus que ce que nous aurions du et à finir complètement hors de contrôle sans le moindre souvenir de ce que nous avions bien pu faire le soir précèdent pour finir dans un tel état au réveil... - je crois bien qu'à ce stade, autant vous que moi, nous savons qu'il est inutile de prétendre que j'étais une jeune fille très intelligente et capable de prendre des décisions responsables concernant mon avenir... clairement je me souciais de rien et j'étais sur le point de me détruire juste parce que je ne voulais pas être la fille parfaite... on peut donc aussi très certainement s'accorder sur le fait que je ne faisais pas dans la demi-mesure et que c'était tout ou rien, avec une nette préférence pour les extrêmes... - j'avais commencé à trouver que l'alcool ne provoquait plus assez de réactions chez mes parents et que je devais trouver quelque chose de mieux. Cette herbe au doux nom de Marie-Jeanne ou beu pour les initiés allait donc devenir une partie intégrante de mon quotidien pour les mois suivants. Mon sens de la contradiction par rapport à mes parents n'avait même pas encore atteint son paroxysme - oui c'est difficile a croire quand on me voit, surtout pour ceux qui me connaissent aujourd'hui et savent la profession que j'exerce... mes collègues ne sont bien entendu pour la plupart pas au courant de mon passé puisque mon chef a eu la gentillesse de ne jamais rien révéler. - mais il aurait surement été mieux que je m'arrête la.... Ma relation avec mes parents n'était évidemment pas au beau fixe - et ceux que cela surprend ont clairement du manquer un épisode de mon histoire... - mais je n'avais pas vraiment réalisé que cella nuirait aussi a ma relation avec ma sœur tant aimée Sara, qui évidemment ne voyait pas d'un très bon oeil mes nouvelles habitudes et nouvelles fréquentations. Seulement au stade où j'en étais son mécontentement n'avait aucun effet sur moi et ne suffit pas à me faire réfléchir a mes actes. Ce qui était au début uniquement un moyen pour moi de faire rager mes parents était maintenant quelque chose sur lequel je n'avais plus réellement de contrôle. Ma vie avait changé et a force de me comporter de cette manière les gens ne voyaient plus que ça et j'étais coincée puisque tout geste ou autre que je faisais était automatiquement vu comme un signe supplémentaire de mon mauvais comportement...

Seulement, ce que je ne savais pas c’était que Tom ne se contentait pas de consommer de l’herbe. Il en produisait avec quelques amis dans le but de la vendre. Il essaya à plusieurs reprise de me convaincre de faire partie de son ‘réseau’ puisqu’une fille attirait soi-disant moins les soupçons de la police. Allez Harlow, ce serait tellement bien si tu faisais ça ! Malgré tous ses efforts, il ne réussit pas à me faire craquer. Par contre, quand nous étions ensembles mes limites devenaient de plus en plus floues. Il était vraiment emmêlé dans des histoires pas terribles et son trafic d’herbe changea rapidement. Il devint en effet le membre d’un réseau de trafic de drogues d’un autre genre. Bien entendu – à mon grand désespoir quand j’y repense aujourd’hui, mais heureusement pour moi c’est du passé – au vu de notre relation fusionnelle, je ne pus pas vraiment me tenir à distance de tout son nouveau monde. Il avait une très forte emprise sur moi et je me retrouvai donc mêlée moi aussi à des affaires pas très nettes. Après avoir tenu le coup face à lui pour ne pas avoir à dealer de la drogue pour lui, je devais maintenant tenir tête à ses nouveaux ‘partenaires financiers’ comme il s’amusait si bien à les appeler. Tom était très peu attentif à moi quand ils étaient là, mais il prenait toujours ou presque à leur rendez-vous et, sachant ce qu’il se tramait entre eux, je me faisais du souci pour lui. Seulement, après avoir fait autant de ‘mauvaises actions’ au cours des derniers mois, ma raison ne pris pas le dessus et je me laissais entraîner là dedans, ne quittant pas Tom – ce qui doit être ce que n’importe quelle femme de sens aurait fait à ma place, mais j’étais tellement aveuglée par l’amour et persuadée d’être invincible que je ne réalisai pas dans quoi j’étais emmêlée – puisque nous étions fous l’un de l’autre. J’étais jeune et insouciante et savoir que mes parents étaient déçus par mon comportement parce que j’étais si différente de Lexie me faisait tellement plaisir que mes doutes furent passés sous silence. Ce fut que quelques semaines plus tard que les ennuis commencèrent. Non pas entre moi et Tom, mais pour moi. J’avais réussi à ne pas devenir l’un des dealers du réseau de Tom, mais je consommais toujours de l’herbe et ce en quantité assez importante. J’étais donc régulièrement en possession de passablement de drogue – bien plus que ce que les flics pourraient laisser passer – et cela ne manqua pas de me retomber dessus un jour où je roulais un joint dans un parc avec mon sachet de beu dans mon sac à main.

Et bien mademoiselle, vous voilà prise la main dans le sac… vous allez donc venir avec moi jusqu’au poste et on va parler de tout ça dans une salle d’interrogatoire, qu’est-ce que vous en pensez.. moi je trouve que c’est un excellent plan.. Et bien, allez, on y va ! J’en avais eu de la chance jusqu’à maintenant réalisai-je soudain alors que ce détective des stups venait de m’arrêter en possession de drogue. Je me rendis soudain compte que les limites que j’avais toujours pensé ne pas franchir, quelque soit la raison, avait volé en éclat il y a bien longtemps déjà. Ce soir-là je finis donc ma soirée avec un interrogatoire. J’avais beau avoir agi de manière stupide depuis quelques temps, j’étais parfaitement consciente qu’avec les charges qu’il avançait, le policier pourrait facilement me causer énormément d’ennuis, surtout puisque je venais de fêter mes dix-huits ans quelques semaines auparavant. Heureusement pour moi – bien qu’il allait s’avérer plus tard qu’il s’agissait de leur objectif depuis le début et que je n’étais qu’un pion sur l’échiquier – les policiers cherchaient quelqu’un dans se traffic qui pourrait leur servir d’indic ou de taupe – bien que je n’aie rien contre cet animal, je dois dire que la comparaison ne me plaît guère et que le terme ‘indic’ a clairement ma préférence – au sein du réseau dans lequel je me trouvais indirectement grâce à mon cher petit ami. Je décidai de ne pas agir de manière idiote et irréfléchie pour une fois et de prendre la porte de sortie qui m’étais offerte plutôt que de franchir l’ultime limite qui signifiait gâcher ma vie. Alors mademoiselle Ainsworth, on collabore ou on finit en cellule ? … on collabore. Sur le moment je n’étais pas vraiment enchantée à l’idée de risquer ma vie au milieu d’un gang de dealer en étant l’indic qui allait tenter de ruiner leur réseau (surtout que si je me faisais attraper en train de refiler des informations à leur sujet à la police je ne donnais pas cher de ma peau), mais finir en prison pour ‘entrave à la justice’ ou autre pour avoir refusé de les aider et de leur fournir les noms de ceux que je connaissais ne me plaisait franchement pas. J’avais donc décidé de choisir de deux maux le moindre et de devenir indic. Avoir touché le fond comme ça me donnait envie de changer, mais tant que je restais en contact avec le gang, il n’était pas question d’aller en cure de désintoxication sans qu’ils se doutent de quelque chose et je ne pouvais pas non plus prendre le moindre risque en impliquant Sara. J’avais dix-huit ans et les responsabilités d’une adulte venait de m'atterrir sur la tronche avec quelques années de retard. Le manque de raison qui m’avait poussé à agir de manière irresponsable et stupide avait fini par se dissiper et en contemplant la situation dans laquelle je me trouvais à cause de mes actions je me sentais soudain vraiment idiote. Si seulement j’avais réagi plus tôt ! Heureusement pour moi, le flic qui gérait mon cas avait décidé de me ‘prendre sous son aile’, soi-disant que je lui rappelais sa fille ou quelque chose comme ça. Quoi qu’il en soit, il se souciait de ma sécurité (tant que je lui filai les infos dont il avait besoin) et cela me rassurait.

La prochaine livraison aura lieu demain aux docks. J’ai pas pu en apprendre plus, ils deviennent vraiment suspicieux et rendent leurs discussions de plus en plus secrète. C’est à peine si j’arrive à apprendre quoi que ce soit Je commençait vraiment à sature. Depuis maintenant six mois je servais d’indic à la police des stupéfiants et, même si leur enquête avait clairement fait des progrès et que le gros du réseau avait été démantelé, je n’en pouvais plus et j’avais envie de tout arrêter. Je devais prétendre de toujours être amoureuse de Tom, alors même qu’il me dégoutait, et tout ce qui allait avec. C’était le seul moyen de réussir à rester en relation avec le gang et d’obtenir des informations. Tom ne se doutait de rien – rien de bien surprenant si on considère que la grande majorité de ses neurones devaient avoir été grillés par les nombreuses drogues qu’il avait consommé tout au long de sa vie – et continuait à se montrer comme le mec qu’il avait toujours été. Je n’osais presque rien lui refuser de peur qu’il se doute de quelque chose et plus le temps passait plus je me dégoûtais de rester avec cet homme que je haïssais. Sans lui je n’aurais sûrement pas sombré aussi bas. Parfait ! Oui, encore une ou deux semaines et on devrait être remonté jusqu’à leur fournisseur. Après on pourra tous les arrêter et tu pourras passer à autre chose. Une ou deux semaine. Je devais pouvoir tenir le coup, ce n’était rien après les six mois qui venaient de s’écouler. Seulement, comme je m’en doutais, les membres du réseau étaient devenus vraiment suspicieux quand les arrestations s’étaient enchaînées et que leurs livraisons peinaient à arriver. Alors Harlow, tu croyais que tu pouvais nous dénoncer aux flics sans qu’on le sache ? Ils étaient remontés jusqu’à moi, je ne sais comment et s’étaient donc mis d’accord pour se débarrasser de moi. Ils me jetèrent dans un van pour m’emmener dans un entrepôt que je n’avais jamais encore vu et m’attachèrent dans un coin. On s’occupera de toi plus tard, vendue.. Je me rendis compte que je n’avais pas eu tort d’avoir eu peur de leur réaction si des fois ils apprenaient le rôle que je jouais dans le démantèlement de leur réseau. Heureusement, le flic en charge du dossier avait fait en sorte qu’une patrouille me suive (à mon inssu… et je dois dire que je me suis toujours demandé s’ils étaient responsable du fait que j’aie été identifiée comme la taupe) et ils avaient donc immédiatement signalé mon ‘kidnapping’. Quelques minutes après notre arrivée dans le hangar, les forces de police débarquèrent et des coups de feu furent échangés. J’étais bientôt libre. La plupart des membres du réseau connaissant mon rôle dans leur arrestation étaient soit en prison, soit en train de gire morts sur le sol du hangar. La police décida donc qu’il était inutile de m’envoyer dans le programme de protection des témoins – surtout que j’avais véhément refusé d’être envoyée ailleurs. Maintenant que j’allais pouvoir reprendre contrôle sur ma vie et enfin devenir quelqu’un de respectable je voulais rester près de ma famille et pouvoir réparer ma relation avec mes sœurs.

Après ce qu’il venait de se passer dans ma vie, il n’était plus jamais question que je touche à de la drogue. Je fis donc une cure de désintoxication pour me débarrasser de ma dépendance à la drogue et au bout de quelques mois, l’équipe qui s’occupait de moi jugea que je pouvais rentrer chez moi sans trop de risques de rechuter. Dès ce moment-là, je découvris mon nouveau but dans la vie. Après m’être trouvée dans une telle détresse, je souhaitais aider toutes les personnes qui pourraient se retrouver dans une situation relativement similaire à la mienne. Il n’était pas question pour moi d’aider des drogués à devenir clean puisque je devais encore régulièrement me rendre à des soirées entre toxicos anonymes pour digérer ce qu’il m’était arrivé, mais je voulais devenir l’une des flics qui arrêteraient toutes les saletés de trafiquants qui profitent des faiblesses des autres pour faire du bénéfice. Je fis pars de mes intentions au flic qui m’avait arrêté pour savoir si cela était possible au vu du rôle que j’avais récemment joué dans un trafic. Officiellement tu n’as jamais touché à la drogue et tu étais seulement présente en tant que petite amie du coupable. Les dossiers ne montrent pas ton arrestation pour possession puisque cela faisait partie du deal.. c’est jouable. Donc je peux ? Commence par passer les examens d’entrée à l’académie et quand tu seras acceptée on en reparlera. Je pris une année entière pour me préparer. Avec mon manque de condition physique – principalement du à ma consommation de drogue sur une longue période et mon manque de motivation quelconque quand il s’agissait d’aller au fitness – il y avait beaucoup de travail, mais à force d’aller courir tous les jours et de passer par la case ‘soulevage de poids’, etc. quasi quotidiennement, j’étais prête. Avec le soutien de Sara, dont j’étais de nouveau proche, je passais l’examen du premier coup et je faisais donc mon entrée à l’académie. La suite s’annonçait encore plus demandante, mais je me réjouissais et maintenant que j’avais un but, personne ne pourrait m’arrêter. Je bossai donc comme une folle pour mes cours, me privant de sommeil avant les examens et passant mon temps libre à courir, réviser ou me préparer physiquement. Je finis pas recevoir mon diplôme l’année suivante. Ensuite, comme tous les autres je fus envoyée en patrouille en tant qu’officier. Bien sûr ce n’était pas ce que je voulais faire, mais je savais qu’il fallait commencer tout en bas de l’échelle pour pouvoir progresser et au vu de mon passé, j’étais bien contente de déjà pouvoir être où j’étais à seulement dix-neuf ans. Je n’étais pas la plus jeune, mais j’étais la seule qui devait cacher son passé de toxico pour que personne ne remette en question ma présence parmi les forces de police. J’avais toujours l’appui de mon mentor et il m’assura que si je continuais sur cette lancée je pourrais rapidement rejoindre son équipe.

Rapidement voulant dire ce que cela voulait dire, je passai un an à faire équipe avec un autre officier, un certain Randy Shawn, pour mes patrouilles avant de pouvoir collaborer avec l’équipe des stups de temps en temps quand ils avaient besoin d’un coup de main. Après un an à passer la plus grande partie possible de mon temps avec eux, je rejoignis leur équipe à vingt-et-un ans. J’étais la plus jeune avec un certain Nate’ qui les avait rejoint six mois plus tôt et qui n’avait que quelques années de plus que moi, dans les vingt-trois, vingt-quatre si j’avais bien compris. Je me retrouvais en binôme avec un plus vieil agent avec quelques années d’expérience de plus que moi – et quand je dis quelques années c’est pas pure gentillesse puisqu’il avait trente-neuf ans et quasiment vingt ans de plus que moi de passés dans les forces de police. J’étais parfaitement sûre de moi en sa compagnie et tout se passait pour le mieux. Après trois ans dans la boîte, je vis un avis pour une mission sous couverture durant trois mois environs et je décidai de me lancer puisque j’avais enfin l’occasion de montrer ce dont j’étais capable sans devoir travailler comme dans la vie de tout les jours. J’avais bientôt vingt-cinq ans et je rêvais de prouver ma valeur. Ce que je ne savais pas c’est que Nate’ avait aussi postulé. Ainsworth, Hawthorne, dans mon bureau ! (…) Vous avez été choisi pour la mission, vous partez demain. Prévenez vos proches de ne pas vous contacter à part en passant par la brigade et n’emportez rien avec vous, vous aurez tout ce qu’il vous faut sur place. Je croyais que c’était une mission pour une seule personne ? Ce n’est plus le cas. Ainswoth, restez ici deux minutes. (…) Harlow, ton passé peut devenir utile ici, comme il pourrait s’avérer dangereux. Si tu reconnais quelqu’un, tu préviens aussitôt et si Nate’ pose des question, tu ne dis rien, compris ?! Compris. Je passais la soirée avec Sara, dont je parlais de mon départ. Pendant cette soirée, j’appris que ma chère sœur avait une liaison avec le mari de Nora, sa meilleure amie et une de mes amies proches. Depuis mes ennuis, je m’étais enfin réconciliée avec ma sœur, nous étions proches comme jamais, mais cette nouvelle venait tout changer. Je comprenais que des personnes pouvaient faire des erreurs – j’en avais fait ma part et je n’allais pas pointer du doigt quelqu’un qui commettrait les mêmes erreurs que moi – mais elle allait non seulement se faire du mal, mais aussi en faire à d’autres personnes. Elle mentait à sa meilleure amie et cela risquait de détruire un mariage et de causer un bordel phénoménal dans leur trio. Je lui fis par de mon désaccord, mais je décidai de ne pas m’énerver puisque j’allais partir dès le lendemain et que partir en laissant les choses en plan derrière moi ne me plaisait vraiment pas. Je fis donc mes adieux à ma sœur et prévenait mes proches.

La mission s’avéra très différente de ce que je pensais. Nate et moi devions prétendre être un couple, mais au contraire de ce que je pensais, il ne s’agissait pas d’être un couple de toxicomans vivant dans la rue, mais de deux riches personnes cherchant à investir de l’argent dans un trafic de drogue pour recevoir pleins de dividendes. Quand nous étions dans notre appartement de luxe bien cachés et bien protégés, nous étions Nate et Harlow, mais en dehors de ça, j’étais Madame Filer, femme entretenue et ne faisant rien d’autre que du shopping, mariée à Monsieur Filer, gestionnaire de placement – en gros banquier véreux qui détournait des fonds et voulait se faire encore plus d’argent. Le but était d’investir plein d’argent dans le trafic et les spécialistes financiers de la brigade traquaient ensuite l’argent pour voir dans les poches de qui il terminait. Au bout de trois mois le plus gros devrait avoir été fait et le temps que les trafiquants réalisent que l’argent était un piège nous aurions assez de gens à surveiller. Après un mois, la situation entre Nate et moi était déjà quelque peu compliquée. Il y avait toujours eu une certaine tension entre nous et maintenant que nous étions forcés de nous embrasser, etc. en public, l’envie d’aller plus loin en privé se faisait sentir. Un soir, alors que je sortais de la douche, j’allais me changer dans la chambre et le trouvais assis sur le lit. Qu’est-ce qu’il se passe ? je lui demandai, tout en essayant de ne pas faire tomber ma serviette alors que j’enfilai un slip et un petit short de sport – pas besoin de s’habiller à la Madame Filer pour passer la soirée devant la télévision – ainsi que mon soutien-gorge et un débardeur. Oh, rien de spécial. Je pensais juste aux deux mois qu’il nous reste. J’y pensais aussi. Est-ce que nous tiendrions le coup ? Je me permettais d’en douter. Surtout au vu du physique de rêve de mon partenaire. J’avais bien raison puisqu’à peine trois semaines plus tard, nous finissions une longue soirée – un soi-disant cocktail de charité où nous nous devions d’apparaître pour pouvoir appâter de plus gros clients – par une longue nuit au lit. Le lendemain, je ne savais pas vraiment comment me comporter vis-à-vis de Nate. Est-ce qu’il s’agissait juste d’un coup d’un soir pour évacuer la tension ? En tout cas pas question d’en parler là où l’on pourrait nous entendre puisque notre relation n’était pas supposée exister en dehors de notre vie de couple fictionnelle et je tenais trop à mon boulot pour risquer de découvrir ce que notre capitaine pensait d’une éventuelle relation entre deux de ses détectives. La police n’était pas particulièrement connue pour son encouragement à entretenir des relations avec des collègues – à part des relations amicales bien entendus – et je pensais bien que ni Nate ni moi n’avions envie de découvrir les conséquences que notre nuit ensemble pouvait avoir sur notre carrière puisque nous espérions tous les deux progresser et grader.

La fin de la mission se passa sans le moindre problème entre Nate et moi, même si nous n’avions jamais abordé notre nuit ensemble après cela. Seulement quelques jours avant la fin, je vis quelqu’un dans la rue qu’il me semblait reconnaître. Après avoir prévenu mon chef, je fis semblant de rien avec Nate, mais il insista pour comprendre ce qu’il venait de se passer. Après son insistance et dû à nos nombreuses années de services ensemble, j’avais fini par lui dire que je pourrais lui en parler, mais que je préférais attendre encore un peu. Plusieurs moi plus tard, je finis par lui parler de mon passé. Le soir même, alors que nous sortions du boulot, il ne me dit pas au revoir et le lendemain au travail j’eu droit au même traitement. Je ne savais toujours pas quoi penser de mes actions. Allait-il parler de mon passé de droguée à notre chef ?