« Une famille, c'est cela : quelques personnes qui s'aiment bien et se le répètent, à chaque instant, par de petites attentions, des taquineries, une voix tendre. » " Léo, pose ton livre et viens à table. Dépêche-toi." La jeune fille du haut de ses 14 ans soupira et lâcha à regret le roman qu'elle avait presque fini de lire et quitta son lit. Poppy l'attendait devant sa chambre, un sourire malicieux sur le visage.
" Léo, papa nous emmène au ciné ce soir. On va voir le nouveau dessin animé qui vient de sortir." Devant l'enthousiasme que sa petite soeur avait du mal à réfréner, elle ne put s'empêcher de sourire et hocha la tête doucement :
" On va bien s'amuser. Mais avant il faut qu'on aille manger." Poppy lui prit la main et elles descendirent toutes les deux rejoindre leurs parents.
" Ah enfin ! " Léo sourit innocemment à sa mère :
" Tu sais que j'ai du mal à décrocher, hein ? " " Oh oui, je le sais ça chérie. Tu n'es pas la fille de ta mère pour rien." Elle se leva et sourit à sa fille avant de ramener sur la table le plat du jour :
" Chili con carne fait maison pour tout le monde." Les deux filles poussèrent un petit cri de joie et elles mangèrent de bon appétit.
" Bon, on se prépare pour le ciné maintenant ? On y va à pied, ça nous fera digérer parce que le chili de maman ... " Ils éclatèrent tous de rire et Léo haussa les épaules :
" Le chili de maman, c'est le meilleur." Elle sourit à sa mère qui la remercia d'un signe de tête tandis que Poppy se levait avec enthousiasme.
" Je vais me préparer papa, je vais prendre mon petit sac à main." Du haut de ses 10 ans, Poppy était une vraie petite fille qui adorait déjà s'habiller comme une grande et jouer à la jeune fille, ce qui ne manquait pas d'amuser le reste de la famille Lewis. Léo se contenta, elle, de se brosser rapidement les cheveux et d'enfiler une veste sur son pull rose.
" Moi, je suis prête." Sa mère la rejoignit dans l'entrée, puis son père et enfin Poppy qui souriait. Elle adorait aller au cinéma et encore plus pour aller voir des dessins animés.
" Est-ce qu'on rejoint Betty ? " Elle adressa un sourire à sa mère qui hocha la tête :
" Oui Betty vient avec nous avec Lucy et Jessica. Je ne sais pas si Logan vient." Betty était sans doute l'une des meilleures amies de sa mère, et de ce fait, les filles Lewis étaient très proches des filles de Betty, et Léo adorait Logan, le fils aîné, un peu plus vieux qu'elle.
" On va bien s'amuser alors." Ils partaient parfois en vacances ensemble, s'invitaient régulièrement les uns les autres, et Léo adorait cette famille. Les Lewis se mirent en route pour une soirée familiale comme ils les aimaient.
" Alors, les filles, vous avez aimé le film ? " Poppy hocha la tête :
" C'est le meilleur que j'ai jamais vu." Léo sourit et haussa les épaules :
" C'était regardable, mais je crois que je deviens trop grande pour les dessins animés. Logan aussi. On aurait préféré aller voir le nouveau film avec Tom Cruise." " Moi aussi." Léo rit avec son père et rajouta :
" Mais c'était une bonne soirée, on a bien ri. Et la glace après était super bonne." Sa mère lâcha un petit rire. Elle savait que ses filles étaient de vraies gourmandes, et après le ciné, une petite douceur s'imposait toujours.
" Tant mieux alors si vous avez passé une bonne soirée." Ils rentrèrent tranquillement chez eux pour aller se coucher.
« La chance nous sourit tous les matins, le bonheur nous accueille tous les soirs, et on s'en rend pas compte. On s'y habitue. On fait pas gaffe à ce que l'on possède puis, hop ! d'un claquement de doigts, on s'aperçoit que l'on a tout faux. Parce qu'on croit avoir décroché la lune, on veut croquer le soleil aussi, et c'est là qu'on se crame les ailes. » Poppy se serra un peu plus contre Léo et soupira doucement :
" Pourquoi ils se disputent comme ça Léo ? " Eleonore soupira à son tour et haussa les épaules :
" Je sais pas ma puce, je sais pas du tout." Mais c'était faux, elle le savait. Du haut de ses 17 ans, la jeune fille avait surpris à plusieurs reprises des disputes entre ses parents quand Poppy dormait de son sommeil d'ange. Il était question de maîtresses, d'absences répétées de la part de leur père. Mais ça, elle ne voulait pas le dire à sa petite soeur. Poppy n'avait que 13 ans et des rêves encore plein la tête.
" Il arrive que parfois les parents arrêtent de s'aimer, tu sais ? C'est comme ça, Poppy. C'est pas de ta faute, ni de la mienne, et ils nous aimeront malgré tout." Poppy avait l'air terrifiée en entendant les cris de sa mère, mais rapidement le silence revint et bientôt les pas de leur mère se firent entendre. Lourds, traînants. Elle toqua doucement et pénétra dans la chambre de Léo. Un sourire triste se dessina sur son visage en voyant ses deux filles, enlacées, l'une en larme, l'autre qui se tenait droite pour protéger la cadette.
" Les filles .. Je suis désolée. Ecoutez, Betty va venir vous chercher, vous allez dormir là-bas, d'accord ? " Poppy secoua doucement la tête mais Léo lui caressa les cheveux et hocha la tête :
" Oui maman, je vais préparer nos affaires." Elle glissa rapidement son pyjama et quelques affaires pour demain dans son sac à dos, et fit de même pour sa soeur avant de revenir dans la chambre.
" C'est fait." Sa mère l'étreignit rapidement :
" Merci ma puce."" Alors, tes parents ? Comment ça va ? J'ai entendu ma mère en parler la dernière fois." Poppy jouait avec Lucy et Jessica, les jumelles dans leur chambre, et du coup, Léo avait trouvé refuge dans la chambre de Logan, encore chez sa mère malgré son âge. Il avait 21 ans maintenant, presque 22. Léo haussa doucement les épaules :
" Ils vont divorcer. Maman m'en a parlé discrètement hier mais ... Poppy n'est pas encore au courant. Et c'est mieux comme ça. Ca sera dur pour elle de vivre sans papa. Elle est toujours après lui. Et j'espère qu'on n'aura pas à se séparer elle et moi." Léo craignait plus que tout que la garde de sa soeur ne soit confiée à son père. Elle voulait rester avec Poppy et leur mère, c'était tout ce qu'elle demandait.
" C'est pas une période facile. Quand mes parents ont divorcé, j'étais jeune comme Poppy et j'ai eu du mal à l'accepter." Elle hocha doucement la tête et elle sentit soudain la main du jeune homme attraper la sienne. Sans qu'elle ne s'en rende compte, les larmes coulaient sur son visage, et il l'attrapa contre lui pour la consoler.
" Ca va aller, t'en fais pas." Elle sentit bizarrement son coeur s’accélérer et une chaleur l'envahir. Logan et elle se connaissait depuis toujours, mais il lui plaisait, c'était vrai. Il était séduisant, drôle, attentionné. Mais elle n'avait jamais osé lui en parler. Il avait une réputation de tombeur, elle le savait. Et en plus de ça, elle n'était qu'une gamine pour lui. Pourtant, quand elle sentit la main du jeune homme se perdre dans ses cheveux, elle se recula doucement et leurs regards s'accrochèrent, comme magnétisés.
" Logan.." Les lèvres du jeune homme se posèrent alors sur les siennes, doucement.
« On pourrait mettre au rang des plaisirs cette mélancolie que cause le premier amour, quoiqu'elle en fasse désirer de plus vifs. » " Logan et toi. Je l'aurais jamais cru." Léo se retourna vers sa mère et haussa les épaules, un sourire sur les lèvres. Elle non plus, elle ne l'aurait jamais cru.
" Oui, parfois la vie réserve de drôles de surprises, hein ? Quand je pense que c'est finalement grâce au divorce de papa et toi, c'est triste à dire mais pourtant c'est ce qui nous a rapprochés." Depuis leur premier baiser, ils ne s'étaient plus quittés. Bien qu'au début, Logan cachait leur relation à tous. Mais au bout de presque un an, Léo avait perdu patiente et l'avait menacé de tout arrêter s'il officialisait pas les choses. C'était horrible de mentir à tout le monde, de se voir et de se sourire comme si de rien n'était alors qu'ils rêvaient de s'embrasser, de se tenir la main. Logan était son premier amour. Elle s'était rendue compte qu'elle n'était jamais réellement tombée amoureuse avant lui. Eux deux, c'était une évidence, c'était .. épique. Ils s'aimaient, fort, trop fort parfois mais c'était beau.
" Au moins, notre divorce aura profité à l'une d'entre vous..." Poppy avait eu beaucoup de mal à accepter le départ de leur père et avait tendance à considérer sa mère comme responsable de l'échec de leur mariage. Elle allait souvent le voir, et d'ailleurs, elle passait sa semaine là-bas. Léo, elle, préférait largement rester avec sa mère, et elle adorait ces moments-là, où elles n'étaient que toutes les deux. Le divorce l'avait rapprochée de Logan, mais éloignée de Poppy. Elle grimaça et haussa les épaules, tandis que sa mère demandait, plus légèrement :
" Charlie vous rejoint avec son copain ? " Léo hocha la tête. Ca aussi, une conséquence du divorce, le retour de Charlie dans sa vie. Elle avait fini par pardonner à sa meilleure amie, peut-être parce qu'elle avait besoin de soutien et que personne mieux qu'elle pouvait lui apporter. Puis, Logan ne la trouvait pas tellement mignonne, ce qui la rassurait intérieurement.
" Oui, ils ont loué une limousine, ils viennent me chercher d'ailleurs, Logan est déjà avec eux. Ils l'ont aidé avec la fleur." Elle rit doucement et se leva avant de se retourner vers sa mère, faisant tournoyer sa robe de bal.
" Alors ? " Sa mère sourit, et s'approcha d'elle, remettant une mèche blonde derrière son oreille :
" Tu es sublime ma puce." Sa robe verte émeraude, longue, soyeuse avait une longue traîne, et elle avait relevé ses cheveux en un chignon négligé et assorti le tout avec des bijoux dorés. Elle était jolie et pour une fois, elle se sentit en confiance. Ce soir, c'était son soir. Elle serait avec son petit ami, sa meilleure amie et rien ne pourrait lui arriver. Elle sourit à sa mère :
" Merci maman." Elles s'étreignirent et sa mère sourit :
" Je t'aime Léo, je t'aime plus que tout, tu sais ? " " Et moi, plus encore maman." La sonnette de la porte d'entrée vint interrompre ce moment, et la mère libéra sa fille pour qu'elle aille ouvrir. Logan se tenait, en smoking, sur le pas de sa porte, et il était plus que séduisant. Il l'apprécia d'un regard flatteur :
" Tu es sublime, bébé." Il l'embrassa doucement et l'accompagna jusqu'à la limousine :
" En route pour une soirée inoubliable." Logan vivait son second bal de promo, elle en était consciente mais il avait dit oui, sans sourciller, pour lui faire plaisir.
" J'espère qu'elle sera encore plus qu'inoubliable. Mais avec toi, j'ai aucun doute." Il déposa un baiser sur ses lèvres avant de la faire grimper en voiture.
« Le chagrin amoureux est l'une des plus éprouvantes blessures que nous ayons à combattre car il doit être vaincu seul et surtout dans le plus grand des silences. » " Je suis désolé Léo." Il était planté là, les mains dans les poches, le regard perdu dans le vide.
" Ecoute, comprends-moi, tu as 20 ans, et tu veux aller trop vite. Je me sens .. " Il déglutit et marqua une courte pause avant de lâcher :
" Pris au piège." " Pris au piège ? Tu te fous de moi ? Je t'aime Logan, c'est ça la différence. Je ne veux pas aller trop vite, je suis bien avec toi, je t'aime, c'est tout. J'ai juste envie qu'on construise quelque chose toi et moi, putain. C'est tout ce que je veux. Je te demande pas de m'épouser, de me faire un gosse. Je te disais juste que ... Laisse-tomber." Elle soupira et secoua la tête tandis qu'il attrapait doucement sa main :
" C'est trop rapide pour moi Léo, c'est comme ça. Je suis désolé. Je croyais que j'assumerais mais .. " Elle le repoussa et lâcha sa main :
" Barre-toi." Elle se détourna de lui, se refusant à lui montrer les larmes qui coulaient le long de son visage de poupée. Il partit sans un bruit, sans un mot. C'est comme ça qu'il mettait à terre presque 3 ans de relation. Poppy pénétra dans le salon, une moue contrite sur son visage d'ange.
" J'ai tout entendu Léo, je suis désolée." La blondinette vint enlacer sa grande soeur, et Léo se laissa choir contre elle, laissant couler les larmes qui ne pouvaient plus s'arrêter.
" Ca va aller ma puce, calme-toi." Elle sentit leur mère se joindre à elles, et elle pleura davantage. Elle avait l'impression que la terre venait de s'ouvrir sur ses pieds, que plus rien jamais ne pourrait la faire sourire. Elle connaissait son premier chagrin d'amour, son premier vrai chagrin, et ça, rien ne pourrait remplir le vide qui venait de se creuser dans son coeur.
" C'est qu'un con, Léo. Pense plus à lui. Ca fait deux semaines." Léo grimaça et haussa les épaules.
" Je viens de foirer mon examen tellement je pense à lui. Je suis conne. Ces études, c'est mon rêve. Je vais devenir éditrice, je devrais m'accrocher à ça." " Exactement. Tu es une blonde hyper séduisante, intelligente, drôle. Bref, la perle rare. Pense à tes études, et tu verras, le reste suivra. Fini Logan. Un jour, tu trouveras un vrai mec bien. Peut-être un écrivain torturé." Elle lui fit un clin d'oeil malicieux et Léo sourit malgré elle :
" Même pas en rêve." " Bon tu sais quoi ? Ce week-end, on sort ! " Léo hocha la tête :
" Si tu veux, mais je te préviens : pas de plan drague. Je veux plus jamais de mecs. Tomber amoureuse, ça craint." Elle soupira et haussa les épaules :
" Je veux juste une soirée entre filles, un truc sympa." " D'accord, c'est promis. Tu vas voir, je vais te le faire l'oublier ce Logan."« S'il y a une chose à laquelle tu tiens par-dessus tout, n'essaie pas de la retenir. Si elle te revient, elle sera à toi pour toujours. Si elle ne te revient pas, c'est que dès le départ elle n'était pas à toi. » " Logan ? Qu'est ce que tu fais là ? " Léo le dévisagea surprise. Il lui sourit, un sourire un peu contrit et lui prit la main pour la tirer hors de chez elle.
" Viens, on va parler." Elle hocha la tête avant d'enfiler à la hâte sa paire de ballerines et de claquer la porte de chez elle avant de s'éloigner pour le rejoindre.
" Tu me manques Léo, c'est con, j'ai joué au con. J'aurais pas du te quitter." Il plongea son regard dans le sien, et elle baissa la tête, refusant de soutenir son regard.
" Tu aurais du y réfléchir avant. Aujourd'hui, je suis avec quelqu'un et .. " " Chut, j'ai fait ma petite enquête, tu n'as personne ma puce. Enfin, tu as eu quelques flirts de passage, mais rien de sérieux." " Ca veut pas dire que je vais te retomber dans les bras Logan." répliqua-t-elle sèchement. Il lui sourit et haussa les épaules :
" C'est pour ça que je te propose de dîner avec moi ce soir. On pourrait parler un peu, recommencer à zéro, .. Je te demande pas de me dire oui, je n'attendais que toi. Je sais que j'ai déconné, je t'ai blessée. Je veux seulement me faire pardonner Léo. Et pour ça, j'ai besoin de temps, te montrer que je peux me rattraper, te rendre heureuse comme avant." Elle le regarda, il semblait sincère. Et surtout, elle ne pouvait le nier, ce moment, elle l'avait attendu. Malgré elle, malgré ses paroles qui disaient le contraire, ses sourires qui disaient au monde entier qu'elle était forte.
" Ok. Va pour un dîner." Il sourit, comme un gamin le jour de Noël et il hocha la tête :
" Je serai là à 20h." Il déposa un baiser sur son front et lui sourit avant de filer. Elle le regarda partir, songeuse. Et si c'était une erreur ?
" On est bien là ? " Il lui sourit et hocha la tête :
" Je t'avais dit que tu allais adorer ma surprise." Ils venaient de se remettre ensemble après des mois de séduction acharnée de la part du jeune homme, et pour fêter ça, il l'avait emmenée à la mer. Elle en rêvait, il l'avait fait.
" Merci chéri. Tu pouvais pas me rendre plus heureuse. Cet endroit, toi et moi. C'est juste magique." " Je t'aime Eleonore Lewis." Il déposa un baiser sur ses lèvres.
« La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit. » " Mademoiselle Lewis, bienvenue dans l'équipe." Elle serra la main du responsable de la maison d'édition dans laquelle elle venait de décrocher son premier poste d'éditrice et elle se leva :
" Je vous remercie de votre confiance." Elle lui sourit et elle rangea son contrat. A ce moment, elle se sentait plus que fière, heureuse. Elle avait réussi ce qu'elle avait toujours voulu. Elle était devenue éditrice.
" Et pour bien commencer, voici votre premier manuscrit. Il s'agit du premier roman d'un jeune homme, Jesse Hawkins. On vous laisse lire ça, analyser s'il peut être produit ou non, et puis on verra ce qu'on fait de ça. Ses coordonnées sont dans la base de nos auteurs potentiels. Je vous laisse prendre rendez-vous si vous souhaitez avoir d'autres renseignements." Il lui tendit le manuscrit et elle le prit, les yeux brillants d'excitation. Tellement impatiente, elle ne put attendre d'être chez elle pour commencer à lire et se posa dans le premier café qu'elle vit pour lire. Le manuscrit lui plaisait. Drôlement même. Elle arrêta à l 100ème page, bien décidée à finir ce soir.
" Chéri ? J'ai signé mon contrat." Elle pénétra dans le salon et se stoppa net. Logan était assis sur le canapé, l'air furieux.
" Ca fait des heures que je t'attends. Ou étais-tu ? " Elle le dévisagea, surprise et haussa les épaules :
" Je commençais à bosser. Désolée, j'aurais du t'appeler. Mais ne t'énerve pas pour ça, chéri. Viens plutôt ouvrir une bouteille de champagne pour qu'on fête ça." Il ne répondit pas, les poings serrés.
" Chéri s'il te plaît, tu me fais peur." Il se leva finalement, passa devant elle et quitta l'appartement sans un mot après avoir donné un coup dans le mur. Elle se laissa choir sur le salon. Mais qui était l'homme qui partageait sa vie ? Logan était différent, il avait changé. Depuis quelques mois, il était taciturne, nerveux, agressif. Elle soupira et sortit le manuscrit de son livre. Tant pis, elle allait lire, seule.
" Désolé." Il se tenait devant elle, des fleurs à la main.
" Félicitations." Elle se leva, prit les fleurs et lui sourit.
" C'est mieux." Elle l'embrassa en riant.
" Alors, on fête ça ? " Le jeune homme hocha la tête :
" Avec plaisir." La crise était passée, pour cette fois.
" Monsieur Hawkins ? " Elle se planta devant la table et sourit au brun qui se tenait assis, devant un café.
" Eleonore Lewis." précisa-t-elle devant son regard perplexe.
" Votre éditrice." Il sourit soudain et se leva pour lui serrer la main :
" Désolé, je .. Je ne vous imaginais pas comme ça, pas du tout même." Son sourire appréciateur semblait montrer qu'il avait sans doute imaginé une femme d'une quarantaine d'années, coincée et rigide.
" J'espère que vous n'êtes pas déçu." Elle s'installa en face de lui et sourit au serveur qui vint prendre sa commande :
" Un chocolat chaud à la cannelle." Elle se retourna vers le jeune homme et lui sourit de nouveau :
" Vous savez que vous êtes mon premier auteur ? J'espère que ça ne vous fait pas trop peur. En tout cas, j'ai adoré votre roman." « He's devastated me, but he's also made me happier than I've ever been. I just don't know which kind of love is better. » " Je suis désolé. Léo, attends." Mais la blonde ne l'écoutait pas. Elle attrapa son sac à main et son téléphone et sortit à la hâte de leur appartement. Son oeil gonflé lui faisait mal, elle sentait le goût du sang dans sa bouche, sa lèvre était ouverte. Il venait de la frapper. Pour la première fois. Les insultes, les cris, les disputes, elle supportait tout ça, elle connaissait Logan, elle l'aimait pour ce qu'il était. Mais la violence ... La violence, elle ne l'avait pas prévue, elle ne l'avait pas vue venir. Elle débarqua en trombe chez sa jeune soeur :
" Je savais pas où aller." lâcha-t-elle quand Poppy ouvrit la porte. Le visage de Poppy, son sourire qui s'effaçait, Léo aurait voulu l'éviter. Mais elle n'avait pas d'endroit où aller pour l'instant, sauf chez Poppy. Elle savait que demain, Logan serait calmé. Elle pourrait rentrer chez elle. Mais pas ce soir, ce soir elle avait besoin d'être loin de lui.
" C'est Logan ? " " C'était un accident .. On s'est un peu disputé et il a dérapé. C'est la première fois, Poppy. Pas la peine de dramatiser." " Dramatiser ? Tu te fous de moi Léo ? Tu as vu ta tête ? " répliqua la blondinette, furieuse.
" Viens, je vais te soigner." Elle attrapa la main de sa grande soeur et l'entraîna dans la salle de bains. Désinfectant, eau froide, la jeune femme supporta tout sans même grimacer avant de remercier Poppy d'un sourire.
" Tu ne dois pas le revoir, Léo." " Poppy, c'était un accident, ça n'arrivera plus. Je le sais. Je le connais Logan. Il est un peu à cran ces derniers temps." Poppy soupira :
" Je te préviens, la prochaine fois, j'appelle les flics." " J'ai cru que tu ne rentrerais plus." Le jeune homme était assis, dans le noir, immobile. Elle s'approcha doucement, s'assit à ses côtés :
" Chut, je suis là, maintenant." Elle caressa doucement ses cheveux et il lui attrapa la main :
" Je m'en veux tellement." " Promets-moi juste que ça n'arrivera plus. Plus jamais." " Je te le promets."