Emblynn marche à vive allure, elle entend des pas derrière elle, elle sent que depuis quelques minutes quelqu’un la suit mais elle n’ose se retourner. Elle a vu tellement d’horreur à Los Angeles qu’elle est presque devenue paranoïaque sur le sujet. Elle se contente d’accélérer et au bout de quelques minutes, elle ralentit. Elle l’a semé. Elle se retourne enfin, personne n’est là. Elle soupire de soulagement, visiblement rassurée. Elle emprunte alors une petite ruelle sombre, tout en jetant quelques regards furtifs aux alentours. Personne ne semble s’intéresser à elle. La nuit vient à peine de tomber sur la ville de la Nouvelle-Orléans. C’est le moment idéal pour rencontrer Marcel. Elle a prit contact avec lui seulement quelques jours après être arrivée à Crystal Spring, se rendant à l’évidence que ses addictions ne pourraient se volatiliser aussi rapidement. Elle avait bien entendu envie de s’en sortir mais l’appel de la cocaïne était définitivement plus fort. Alors elle avait fait croire à Jason et Valentina qu’elle devait rendre visite à la famille de Clary. Quand bien même elle ignorait totalement où se trouvait la famille de son défunte amie ni même si elle en avait réellement. Elle patiente quelques minutes avant que Marcel ne fasse enfin son entrée. Il jette de vif regard à droite, puis à gauche avant de se diriger vers elle. Il lui serre la main et par cette franche poignée, il lui fait passer l’objet de sa convoitise. Elle glisse à son tour un billet dans sa poche. Il ne vérifie pas, il semble lui faire confiance. Il faut dire qu’en la voyant ainsi, n’importe qui la penserait inoffensive. Marcel disparaît aussi vite qu’il est arrivé. Parfois, Emblynn avait presque l’impression qu’il se téléportait. Elle glisse le petit sachet dans la poche de sa veste et longe la rue afin de regagner sa voiture, un peu plus loin. Elle accélère le pas, afin de rentrer le plus rapidement chez elle. Et alors qu’elle tourne au coin d’une rue, quelqu’un lui emboite volontairement le pas, lui rentrant littéralement dedans. Elle sursaute et lève immédiatement les yeux vers l’homme qui se trouvait en face d’elle. « Je peux vous aider ? » Les battements de son cœur s’accélèrent immédiatement à l’écoute de cette question sans qu’elle ne puisse réellement se contrôler. Elle ferme les yeux une fraction de seconde, afin de se calmer et de trouver une once de courage. « Non merci, je rentrais juste chez moi … » Elle le contourne doucement mais prend soin de bien regarder son visage, afin de s’en rappeler au cas où les choses tourneraient mal. Elle se surprend d’ailleurs à le trouver charmant. « Je peux voir ce qu’il y a dans vos poches ? » lui dit-il alors qu’elle avait fait quelques pas à sa droite pour s’éloigner. Elle fronce les sourcils, se demandant bien ce qu’il peut lui vouloir. « Il n’y a rien dans mes poches ! » Son ton est sec, elle ne veut pas éveiller les soupçons. D’autre part, elle peut être très protectrice envers sa dose. De nouveau, alors qu’elle tente de partir, il l’en empêche et lui attrape le bras. « Vous êtes jeune vous savez, vous ne devriez pas vous ruiner la santé avec ces cochonneries ! » Les battements de son cœur s’accélèrent de nouveau, il sait. « Lâchez moi ou j’appelle les flics ! » lui dit-elle en le fixant, d’un ton des plus fermes. Il sourit, ce qui ne la rassure pas le moins du monde. « Et vous leur direz quoi ? Qu’un flic essaie de gentiment vous faire comprendre qu’il n’est pas raisonnable de prendre de la cocaïne, alors qu’il pourrait vous embarquer directement et vous emmener au poste ?! ». Il finit par lui lâcher le bras, sachant pertinemment qu’après ce qu’il venait de dire, elle ne s’enfuira pas. Elle sait qu’elle ne court pas assez vite et qu’en tant que policier, il a surement eu tout un tas d’entrainement lui permettant de maîtriser les délinquants au plus vite. Sans réellement comprendre pourquoi, en comprenant qu’il faisait ainsi parti des forces de l’ordre, elle se sent rassurée, presque protégée alors qu’elle sait très bien qu’elle risque gros. Elle reste en face de lui, baissant les yeux, ne parvenait à dire quoi que ce soit. « Donnez moi ce que vous avez dans la poche … » lui chuchote-t-il doucement afin de la mettre en confiance. « Je ne peux pas, j’en ai besoin … ». Elle est honteuse mais elle ne parvient à lui mentir. Elle a besoin de cette cocaïne, elle sait dans quel état le manque la mettra et elle ne veut plus jamais ressentir cette sensation. Il la regarde et à l’aide son indexe il lui redresse le menton, la forçant à le regarder. « Je peux vous aider à vous en sortir. » Elle a l’impression d’avoir entendu ça des dizaines de fois, mais pourtant, en plongeant ses yeux dans les siens elle sent qu’elle peut lui faire confiance, elle a envie de le croire. Elle le croit. Après une longue hésitation elle finit par lui donner ce qu’il veut. « Pourquoi ne pas m’emmener au poste ? » Elle est curieuse de savoir pourquoi il semble si indulgent envers elle. « Parce que vous n’êtes pas une mauvaise personne, ça se voit. » Il affiche un sourire rassurant qui donne presque l’envie à Em de lui sourire en retour. « Et parce que j’ai besoin de votre aide. » (…) « Evan ouvre moi ! » Emblynn tambourine sans interruption sur la porte en acier de l’appartement d’Evan. Celui-ci met un temps fou à lui ouvrir. Elle ose espérer qu’il n’est pas parti en intervention sur on ne sait quelle affaire. Elle se sent affreusement mal, elle transpire à l’excès, tremble comme une feuille, est essoufflée et semble hors d’elle. Il faut quelques minutes à Evan pour enfin lui ouvrir la porte. Quelques minutes qui paraissent une éternité pour Emblynn. Elle remarque aux yeux plissés de son interlocuteur et à son accoutrement qu’il sort à peine du lit. Il doit être aux alentours de sept heures du matin et Emblynn était en pleine crise. Elle entre comme une furie dans son appartement avant même qu’il ne puisse dire quelque chose. « Il faut que tu m’aides Evan, ça ne va pas, je n’en peux plus ! Où est-ce qu’elle est ? » Le jeune homme la regarde en fronçant les sourcils. Ces derniers temps avaient été très difficiles pour Emblynn et il avait finalement pris l’habitude de la voir dans cet état, c’est pourquoi il ne semblait surpris et était un calme olympien. « De quoi ? » lui demande-t-il simplement en refermant la porte. Il enfile un tee-shirt et se dirige vers la machine à café, alors qu’Emblynn, sur les nerfs fouille dans tout l’appartement. « La cocaïne, celle que tu m’as pris le premier soir ! J’en ais besoin Evan, je ne tiens plus ! » L’état de manque et à son comble. Cela fait plusieurs jours qu’elle n’a pas touché à sa drogue et elle ne parvient plus à résister. Elle en a besoin, elle n’y arrive plus. « Elle n’est pas là Em’, je l’ai jeté. » La blonde lève les yeux vers le jeune flic et écarquille les yeux, visiblement furieuse après lui. « Quoi ? Non, tu me mens, où est-ce qu’elle est ? » Evan verse du café dans une grande tasse qu’il amène vers la jeune blonde. Il la dépose sur la table basse et se dirige enfin vers Emblynn, devenue réellement hystérique. « Em calme toi ! Il n’y a pas de cocaïne ici ! » Il pose ses deux mains sur le visage de la jeune femme pour la calmer et surtout pour capter son attention. « Regarde moi, calme toi. Respire, ça va aller, je suis là. » Les douces paroles d’Evan parviennent toujours à la calmer. Elle respire doucement et tente de retrouver son calme. Elle ferme les yeux et finit par lâcher prise dans les bras d’Evan. Le temps est passé depuis le jour où il l’avait surprise en train d’acheter de la cocaïne. Elle avait accepté de jouer les indics pour lui, lui permettant de piéger bon nombre de petits et gros dealers de la Nouvelle-Orléans. Et en retour, il avait accepté de l’aider à décrocher. Elle avait beaucoup de mal à s’y tenir, elle avait d’ailleurs replongé deux fois depuis le jour où elle lui avait demandé son aide. Mais les conseils et la force d’Evan la poussaient à vouloir s’en sortir, à se surpasser. Il était devenu en l’espace de quelques mois quelqu’un de très important dans sa vie. Elle ne voyait d’ailleurs aucunement cette dernière sans lui. Elle s’était attaché à lui et en était presque devenue dépendante. Il était le seul à réussir à la calmer et à lui permettre de reprendre le dessus. Aujourd’hui, encore une fois, il y était parvenu. Elle s’était blotti dans ses bras une bonne partie de la journée sur son vieux divan inconfortable, un café entre les doigts. C’était finalement le seul endroit où elle se sentait bien, dans ses bras. Sur les coups de vingt heures Evan la ramena chez elle, ou plutôt chez ses parents où elle s’était installée en attendant de trouver un appartement et surtout en attendant de dire la vérité à ses proches. Avant de sortir de la voiture, la jeune femme se tourna vers Evan, un léger sourire aux lèvres. « Merci de faire tout ça pour moi Evan. » Elle avait réussit à, à nouveau reprendre le dessus sans replonger et ceci encore grâce à lui. Elle lui en était reconnaissante et le serait surement toute sa vie. Il sourit et acquiesce simplement avant de poser sa main sur la sienne, la pressant doucement. Ils plongèrent leurs yeux l’un dans l’autre sans le moindre mot. Ils n’en avaient finalement pas besoin pour se comprendre. Emblynn, sans réellement comprendre pourquoi finit par s’approcher du garçon. C’était comme si un aimant l’attirait vers lui. Elle ferme doucement les yeux et pose ses lèvres sur celles du garçon. Elle avait rêvé de goûter à ses lèvres depuis le premier jour. Leur baiser ne dura que quelques secondes mais elle eu l’impression d’une vie entière. Elle se sentait tout simplement bien, penchée à ses lèvres, si bien que quand il se sépara d’elle, elle eut l’impression qu’on lui dérobait à nouveau une partie d’elle. « Emblynn je ne sais pas si … » Son regard, ses quelques paroles suffirent à faire comprendre à la blonde que cette initiative était une mauvaise idée. Elle n’attendit pas qu’il termine sa phrase. « Je suis désolée, je n’aurais pas due faire ça ! » Puis sans attendre d’avantage, elle sort de la voiture et rejoint la demeure familiale sans un mot de plus.